Les dix obstacles épistémologiques selon Gaston Bachelard
Dans La formation de l’esprit scientifique, Bachelard relève une dizaine d’obstacle épistémologique que nous allons énumérer rapidement, décrire ensuite: L’expérience première, la connaissance générale, l’obstacle verbal, la connaissance pragmatique, l’obstacle substantialiste, le réalisme, l’obstacle animiste, le mythe de la digestion, la libido et enfin la connaissance quantitative.[1]
Cet article est la troisième partie du thème "Notion d’obstacle
épistémologique". Pour commencer avec la première partie, cliquez ici 👉 Notion d’obstacle épistémologique.
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- L’obstacle de l’expérience première consiste à attacher aux aspects impressionnants d’un phénomène, ce qui évite d’en saisir les aspects importants du point de vue de la connaissance. L’une des conséquences de cet obstacle est encore perceptible en classe lorsque pour motiver les élèves, le professeur commence par réaliser l’expérience de l’explosion avant d’en faire l’exposé théorique. Les élèves se perdent dans leur imagination et s’intéresse d’avantage au fantasme lié à l’explosion plutôt qu’à son explication scientifique.
- La connaissance générale consiste à
généraliser trop vite, ce qui fait perdre de vue les caractéristiques
essentielles d’un phénomène. Enoncer que tous les corps tombent dans le vide à
la même vitesse ne permet pas de comprendre le phénomène d’accélération dû à
l’attraction terrestre. L’énoncé laisse seulement penser que les corps ont une
vitesse similaire.
- L’obstacle verbal se produit
lorsqu’on croit expliquer un phénomène en le nommant. Par exemple, Réaumur se
servait de l’éponge pour expliquer comment les nuages faisaient tomber la
pluie. Un mot et une image tienne alors lieu d’explication. On peut cependant
souligner ici que l’image selon Bachelard peut servir à la compréhension, mais
à condition toutefois qu’elle soit précédée de l’explication théorique.
- La connaissance pragmatique consiste à
expliquer un phénomène à partir de son utilité, ce qui revient à faire comme si
toute chose avait une utilité précise par rapport à nous. Il est par exemple
courant à l’époque d’expliquer les rais du potiron par le fait qu’il devait
ainsi être partagé en famille.
- L’obstacle substantialiste consiste en la recherche d’une substance, c’est-à-dire d’un rapport matériel, pour rendre raison d’un phénomène. On croyait par exemple au XVIIIe siècle que l’aimant était doté d’une colle : le flegme, qui devrait expliquer l’action à distance de l’aimant.
- Le réalisme chez Bachelard
est un trouble lié à la possession. Certains alchimistes pensaient par exemple
que l’or avait des vertus thérapeutiques.
- L’obstacle animiste attribue à des
objets inertes des propriétés des organismes vivants. Par exemple : au
XVIIIe siècle, le rouille est considérée comme une maladie du fer.
- Le mythe de la digestion conduit à
penser que les phénomènes procèdent de la même manière que le corps humain, par
ingestion, digestion et sécrétion.
- La libido attribue des
caractères sexuels à des phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. Il
s’agit d’une projection de fantasmes sexuels sur les phénomènes de la nature.
Par exemple la sexualisation de la base et de l’acide du fait que la base soit
un nom féminin et l’acide masculin. En conséquence, le rôle passif est attribué
à la base et le rôle actif à l’acide.
- La connaissance quantitative porte également en elle un obstacle. Il ne s’agit pas de réfuter ce type de connaissance, la science moderne est née avec la mathématisation du réel permise par les instruments de mesure, mais de souligner un obstacle possible : celui de croire que la précision de la mesure donne la possession de l’objet.
(Rédigé en collaboration[2] et publié le 28 mai 2014)
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BIBLIOGRAPHIE.
BACHELARD
G., La formation de l’esprit scientifique,
VRIN, Paris 1938
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